mardi 9 janvier 2018

A9 - Le Cerf-Volant "Cloud-catcher"


A9 - Le Cerf-Volant "Cloud-catcher"
Oliveira Rodrigues Rodrigo
Rigal Jean-Baptiste

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« Cloud-Catcher », un cerf-volant pour récolter de l’eau
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1. La recherche, les pistes de réflexion :


   Dans notre phase de recherche sur la problématique de l’eau, nous avons abordé divers sujets, allant du domaine du  biomimétisme à l’exploitation de phénomènes physiques simples. 

L’exploration d’un objet existant déjà exploité dans certaines régions du monde est également intervenue à plusieurs reprises, il s’agit du filet à brouillard auquel nous avons pu expérimenter à notre manière in situ lors du workshop de Chevetogne (tutoriel vidéo). (Plus de détails également sur le journal de bord Chevetogne (Lire jour 4 et 5).



   Toutes ces recherches ont permis de nous orienter vers une approche plus systémique de la question de l’eau. Le filet à brouillard nous séduisait déjà et s’orientait dans la continuité de notre recherche, nous avons imaginé tout au long de notre processus créatif comment apporter un « extra » à ce support, qui est déjà ce qui se fait de plus low-tech au monde, dans la récupération d’eau potable par l’exploitation d’un phénomène physique naturel plutôt efficace.

Les observations des projets récents ainsi que les analyses scientifiques concernant les filets à nuages tendent à démontrer que le système évolue d’une base low-tech pour se se tourne de plus en plus vers du high-tch par l’utilisation de maillages aux géométries de plus en plus complexes, couteuses et demandant l’appui d’outils peu accessibles pour être mis en place. Entre autres, l’évolution de ces systèmes complexifie les filets et augmentent leur cout de production pour un rendement supérieur.

Dans tous les cas, le rendement du « nouvel objet » est compétitif mais l’aspect low-tech de l’objet tends à se perdre. Nous n’avons pas recherché une technique quelconque pour changer la donne, il s’agit d’une évolution logique des filets à brouillard, leur compétition est une bonne chose pour aboutir à des systèmes de plus en plus efficaces déployables à larges échelles. Développer et mettre en place des maillages avancées demande un grand savoir-faire scientifique et de l’équipement de pointe, nous pensons que ce n’est pas notre domaine d’application et encore moins le but de recherche de développer de nouveaux maillages. C’est pourquoi nous avons orienté notre piste de réflexion vers une révision de l’utilisation de la base de cet objet, notre recherche se base sur l’architecture même de l’objet (un filet à brouillard) et réfléchir à comment se le réapproprier pour une exploitation différente en termes de contexte, d’échelle et d’utilisation humaine.

Cette recherche part donc de la structure même du filet à nuage. L’idée première était d’exploiter le principal facteur déterminant de l’efficacité d’un filet à brouillard afin de le décortiquer et rechercher comment réfléchir autrement à son exploitation. Ce facteur n’est nul autre que le vent.





2. L’étude des vents, vers un concept :

L’étude des vents nous oriente sur les mécaniques physiques derrière ce phénomène naturel, comment les comprendre et comment l’exploiter. Les champs d’application des forces éoliennes sont nombreux et de plus en plus en vogue dans la communauté scientifique qui recherche à maitriser cette force à des fins énergétiques.




De cette étude nous apprenons essentiellement qu’il est possible d’exploiter les nuages de la même manière que le brouillard, si l’humidité relative baisse au fil des hauteurs, de l’eau se retrouve tout de même en suspension sous forme liquide dans les nuages jusqu’à retomber sous forme de pluie suite à un phénomène bien connu de tous. Donc même en absence de nuages il est possible de trouver des fines gouttelettes d’eau en suspension et de les attraper avec un filet à brouillard. La force du vent étant supérieure en élévation on devrait pouvoir obtenir un débit intéressant pour une utilisation humaine. (Voir l'article sur l'étude des vents et projet aérien pour plus de détails).

Dans un premier temps nous avons voulu tester s’il était possible de canaliser ce vent, d’augmenter son débit et de l’utiliser pour capter de l’eau. L’expérience en atelier tend à démontrer qu’il est possible de le faire et nous pousse d’avantage sur cette piste de réflexion (Voir l’expérience dans l’article sur l'aspirateur à brouillard).


L’idée est donc d’exploiter ce filet à brouillard en hauteur, directement auprès des nuages afin de récolter de l’eau en suspension par la force du vent. Un objet déjà connu et utilisé couramment corresponds parfaitement au curriculum que nous recherchons pour ce projet : Le cerf-volant.
 (Voir l'article sur l'étude des vents et projet aérien pour plus de détails).



3. Le Cerf-Volant, un « cloud-catcher »

Le cerf-volant est un objet plutôt ancien, né probablement en chine il y a 3000 ans et au fil du temps eu de nombreuses utilisations (religieuse, militaire, scientifique ou récréative). Les matériaux ont toujours été très simples à récupérer et à assembler, il s’agit généralement de papier et de fins bambous, pour les plus riches de la soie même.

Les cerfs-volants peuvent être assemblés « en batteries » et sont capables de monter à de très hautes altitudes (1km de hauteur) et sont capables même de porter un humain dans les airs avec certains gabarits. L’objet est donc solide, peut aller suffisamment haut pour approcher les nuages et peut être stable par l’unique action continue du vent en hauteur.

La forme la plus classique est celle connue de tous en losange, mais il existe un millier de morphologies différentes, qui font l’œuvre de véritables compétitions créatives dans le monde proposant des cerfs-volants aux formes des plus improbables qui soient s’élevant dans les airs.


Kite flying day


Le cerf-volant que nous recherchons doit être suffisamment robuste et stable pour s’élever en haute altitude, avec des moyens économiques, utilisable par un humaine moyen et pouvoir se stabiliser en altitude de manière continue. Le cerf-volant doit pouvoir embarquer dans sa structure des filets à brouillard ainsi que des drains pour pouvoir récolter l’eau en altitude.

Dans ces critères prédéterminés, deux modèles ont attiré notre attention : 
Le modèle dit Calomil (en hexagone rectangulaire) et le Circoflex (en cylindre).


Le calomil est capable de porter de très grandes charges, c’est une variante de ce modèle qui, en batterie, éleva un humain dans les airs. Ce modèle à une grande polyvalence d’échelle (scalability) et peut porter dans sa structure des filets à brouillard aisément sans qu’ils freinent l’action du vent. Il s’agit du prototype présenté lors du pré-jury (Je vous renvois vers l'article sur l'étude des vents et projet aérien pour plus de détails sur ce modèle).





Le circoflex est le modèle qui nous sied le plus en fin de recherche et corresponds à nos critères et constations précédentes : En forme de tube, canalise les vents, robuste, peut s’élever en haute altitude, facile à construire et transportable. Même s’il s’agit d’un critère subjectif, nous avons estimé ce modèle également comme plus élégant, sobre et efficace en matière de design, nous avons donc produit un prototype qui suis cet ordre d’idée.



Le prototype est donc conçu à plat, des coutures sont faites aux extrémités afin de solidifier la bordure en y insérant des tubes en plastique qui vont s’encastrer entre eux, formant la boucle et des coutures sur la longueur afin d’étanchéifier l'intérieur de la structure et pouvoir le fermer et ouvrir si besoin afin de l’entretenir. Ce facilite également son transport est sa capacité à s’aplatir ou à s’enrouler.


Le système se suffit à lui-même structurellement, la couture en long va maintenir l’objet dans une orientation unique (ne tourne pas sur lui-même) et sa forme va le maintenir de manière inclinée dans les airs (donc favorisant l’écoulement de l’eau). Les matériaux sont issus de récupération, il s’agit d’une bâche étanche à l’air, utilisé dans les tentes de camping, ainsi que de tuyaux en plastique et de ficèles.






Ce premier prototype circoflex construit sert à deux fins : Vérifier l’assemblage de l’objet (temps, prix, difficulté) et vérifier sa capacité à s’élever en l’air. Il nous apprend qu’il est possible de fabriquer facilement un objet de taille modeste à petit prix (2 heures au total, pour moins de 10 € de matériaux). Il nous apprend également qu’il est important de prévoir une tirette pour l’ouverture/fermeture latérale afin de facilite l’accès et entretien des filets à brouillard à l’intérieur du « tube ». Dernier détail et non des moindres, il est construit à petite échelle, soit 40cm de haut pour 15 de diamètre, le prochain prototype se doit d’être d’un cran supérieur maintenant que nous avons définis comment construire un objet efficace pour accueillir les filets à brouillard à l’intérieur.


Le deuxième prototype est dédié à l’utilisation des filets à brouillard et à la mise en situation. Il sera d’une échelle plus importante et d’une finition plus développée. Il sera présenté comme le produit final, conclusion de nos expérimentations et vous sera montré en détails lors du jury du 12 janvier 2018 (le blog se mettra à jour à ce moment-là). A suivre...